» France » Île-de-France » Paris » Vérités et légendes sur les catacombes de Paris

Les catacombes de Paris, remplies d’ossements humains ou, en termes scientifiques, un ossuaire, constituent l’attraction la plus mystérieuse et la plus sinistre de la ville lumière. Elles ont la particularité d’être le plus grand ossuaire du monde et de captiver les touristes au cours d’une promenade d’une heure à travers 2 km de tunnels. Cependant, nombreux sont ceux qui ignorent que l’ampleur réelle des couloirs souterrains dépasse de loin ce chiffre. De nombreux mythes et légendes entourent ce lieu énigmatique.

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Comment sont apparues les catacombes de Paris

Il y a mille ans, Paris se limitait à deux quartiers centraux, ce qui nécessitait d’importantes quantités de pierre pour les constructions et reconstructions constantes. La pierre calcaire était extraite au sud, tandis que le gypse provenait de la banlieue nord. Au fur et à mesure de l’extension de la ville, ces carrières ont été intégrées à son territoire. Les carrières à ciel ouvert ont ensuite été transformées en parcs, comme les Buttes-Chaumont et Belleville. Les mines souterraines sont restées inactives jusqu’à ce qu’il faille déplacer les cimetières qui débordaient.

Ce récit historique est dépourvu de toute fiction. Un cimetière millénaire, confiné dans le territoire d’une église, a dû faire face à des difficultés lorsque la couche de sépultures a atteint jusqu’à 10 mètres à certains endroits. Sous la pression, les murs du cimetière se sont effondrés, déversant leur contenu dans les rues. Pour rétablir l’ordre, les cimetières d’église ont été interdits, ce qui a entraîné le lavage et le déplacement des ossements vers d’anciennes carrières.

Environ un siècle plus tard, l’intérêt pour la visite de cette nécropole souterraine s’est accru. Des excursions organisées ont débuté en 1867, entraînant des files d’attente d’une heure pour les touristes. Il est donc conseillé d’acheter les billets à l'avance.

Célébrités reposant dans les catacombes

La crypte souterraine abrite les vestiges de cimetières parisiens datant d’un millénaire, estimés à 6 ou 7 millions d’individus. Des personnalités de la Grande Révolution française, telles que Robespierre et Danton, les scientifiques Pascal et Lavoisier, les écrivains Charles Perrault et François Rabelais, y ont notamment trouvé leur dernière demeure. Malgré les tombes officielles du cimetière du Père-Lachaise (promenez-vous avec notre audioguide et découvrez l’histoire de leurs vies hors du commun), des soupçons pèsent sur la présence de Molière et de La Fontaine en raison de sarcophages vides et de restes non authentifiés. 

Les passionnés de catacombes – cataphiles

Le mystère des catacombes attire des passionnés, les cataphiles. Napoléon III lui-même a exploré les catacombes, y tenant des réunions et y recevant des invités de marque. Les catacombes comportent de nombreuses sorties vers la surface, qui passent souvent par les sous-sols des bâtiments. En 1955, l’exploration incontrôlée a été interdite et de nombreux passages ont été scellés. Malgré cette interdiction, les cataphiles ne sont pas découragés.

Paris pourrait s’enfoncer sous terre

Sous Paris, le sol est remarquablement poreux, avec des catacombes atteignant jusqu’à cinq étages de profondeur à certains endroits. Si cette profondeur dépasse celle du métro et des égouts, d’autres tunnels sont plus proches de la surface. Cette caractéristique géologique rend précaire la construction d’immeubles de grande hauteur. À deux reprises dans l’histoire, des quartiers entiers se sont effondrés dans les catacombes, entraînant des morts tragiques.

L’interdiction de construire des immeubles de plus de six étages, motivée par l’esthétique urbaine, atténue certains risques. Cependant, certaines zones où se trouvent d’anciennes carrières ne peuvent même pas supporter une maison de trois étages. Des quartiers notables comme la Bute-aux-Cayes dans le 13ème arrondissement et le quartier de Muzayyah dans le 19ème arrondissement, près du parc des Buttes-Chaumont, présentent un charme unique de constructions basses.

A l’intérieur, les catacombes parisiennes sont confrontées à la menace des eaux souterraines qui remplissent périodiquement les tunnels. Pour y remédier, Louis XVI a eu recours à une méthode simple : le remplissage des passages avec du béton. 

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Dans les catacombes de Paris, on peut se perdre jusqu’à la mort

La superficie des Catacombes de Paris est d’environ 11 000 mètres carrés. De nombreux couloirs comportent des panneaux indiquant le nom des rues en surface, ce qui n’empêche pas de se perdre dans cette vaste étendue.

C’est cette réalité inattendue qu’a connue le gardien d’une église parisienne, Philibert Asper, en 1793. Parti à la recherche de caves à vin, il disparaît mystérieusement et sera retrouvé onze ans plus tard. Une plaque commémorative du premier cataphile est accrochée sur le boulevard Saint-Germain.

Au XXème siècle, deux enfants se sont aventurés dans les catacombes, et leur sauvetage n’a été possible qu’avec l’aide de chiens d’assistance. Les histoires de ce type abondent, comme la découverte d’une caméra vidéo dont le propriétaire est introuvable. En suivant le parcours touristique des catacombes, il est conseillé de ne pas chercher à se perdre.

Les catacombes abritent des monstres

Après les histoires de crocodile dans les égouts de Paris, les catacombes ont été soupçonnées d’abriter un monstre colossal sous le parc Monsouris. En réalité, aucune créature vivante n’habite ces profondeurs ; même les chauves-souris évitent de nombreux couloirs en raison de leur profondeur considérable.

Les seuls habitants sont de vrais poissons qui résident dans un lac souterrain sous l’Opéra. Ce fait, contrairement à la fiction, est vrai. La construction du théâtre a été confrontée à des problèmes de nappe phréatique, résolus de manière créative par l’architecte. Le lac souterrain unique est entré dans la littérature, dépeint par Gaston Leroux dans « Le Fantôme de l’Opéra ».

Au XIXème siècle, un important amas de crânes de chats a été découvert dans une galerie. Juste au-dessus de cet endroit se trouvait un restaurant servant des plats à base de lapin, révélant ainsi le rôle des catacombes dans la révélation des secrets de restaurateurs peu scrupuleux.

La légende de la salle Z

Les cachots inoccupés abritaient souvent les sans-abri et, au XXème siècle, ces profonds souterrains se sont transformés en abris antiatomiques. Le premier abri a été créé en 1934, et pendant l’occupation allemande de Paris, un bunker allemand clandestin est apparu sous terre, surnommé la salle Z en raison de son éloignement.

La salle Z n’était pas le seul bunker. Après la guerre, des passionnés de cartographie des catacombes ont découvert qu’il n’y avait que 500 mètres entre le bunker nazi et le bunker de la résistance. En raison de l’inaudibilité des sons sous terre, ils sont restés indétectés.

Dans les années 70, à l’époque de l’essor de la culture punk à Paris, la salle Z est devenue un lieu de fêtes illicites, caractérisé par ses rares plafonds de 4 mètres et les inscriptions allemandes qui ornent les murs.

Les catacombes ont une plage et un château

Une chambre des donjons est à moitié remplie de sable fin de rivière, résultat de l’effort d’une brasserie pour remplir un tunnel inutilisé à partir de sa cave. Inspiré par ce sable, un artiste cataphile a décoré les murs de vagues marines dans le style du maître japonais Hokusai. Dans plusieurs pièces, on trouve des châteaux sculptés dans le sol, qui rappellent les châteaux de sable de la plage. Bien que leur taille ne soit pas évidente sur les photos, ils ne sont pas plus grands que les créations traditionnelles de la plage.

Les murs couverts de graffitis sont fréquents dans les catacombes, souvent à cause des rituels d’initiation des élèves de l’École des mines de Paris, une faculté de l’Université polytechnique.

Les catacombes ont été le théâtre d’événements interdits

Au fil des ans, les journalistes parisiens ont tenté d’associer les cataphiles au satanisme, au vaudou, au nazisme et à d’autres idéologies sinistres impliquant des rituels macabres. Gilles Thomas, chercheur dans les catacombes, affirme qu’il n’y a pas plus de masses noires sous terre qu’en surface.

En réalité, tous les types d’événements sont strictement interdits dans la clandestinité. Bien que des fêtes, des rassemblements et des soirées cinéma illégaux aient effectivement eu lieu, les cataphiles sont discrets et prudents, ce qui les rend insaisissables et difficiles à appréhender.

Pour ceux qui ont le courage de visiter les catacombes, il est recommandé d'acheter des billets à l'avance. Pendant la saison chaude, la file d’attente pour entrer peut faire fuir n’importe qui. Pour ce qui est de l’accès à la partie non touristique, ne demandez pas. Nous ne le savons pas. Il vous faut un guide cataphile. 

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